Pouvez-vous nous parler de votre parcours sportif ?
Mes parents tenaient à ce que je pratique une activité sportive, à la fois pour le lien social et aussi pour me défouler. J’ai fait de l'athlétisme pendant 12 ans en commençant par le demi-fond, puis le décathlon dans ma région, au Mans. J'y ai découvert un entraîneur passionné, kinésithérapeute de profession qui avait une approche axée sur la santé et la prévention. Dans le décathlon, il y a de nombreuses épreuves mais on progresse constamment et on prend plaisir à développer son corps.
En tant qu’athlète, quelles valeurs acquises appliquez-vous dans votre rôle d'éducateur physique adapté au sein de l’établissement ?
Je les encourage à penser d’abord à leur santé. Mais la résilience, le dépassement de soi et l’entraide entre athlètes sont des valeurs que j’ai apprises grâce au sport et que j'essaie d'appliquer avec mes patients. Les patients dans l’établissement sont principalement des personnes âgées qui manquent de lien social et de plaisir dans l'activité physique. Ils doivent retrouver ces sensations et retrouver la connaissance de leur corps.
Quel est votre rôle spécifique en tant qu'Enseignant en Activité Physique Adaptée ?
Nous utilisons l'APA pour améliorer la santé des personnes en l'adaptant à leurs envies, leurs capacités, leur niveau d'activité physique, leur expérience passée en matière d'activité physique et/ou sportive, ainsi qu'en prenant en compte les freins et les leviers à la pratique sportive. L'objectif est d’aider le grand public à agir sur sa santé par le biais de l’activité physique. Nous travaillons en équipe pluridisciplinaire. La Sécurité Sociale n'a pas encore reconnu le métier d'APA. Nous sommes simplement appelés éducateurs sportifs, sans dénigrer leur travail, même si leur rôle implique moins de notions de santé, de recherche et d'éducation, avec des diplômes différents. Normalement, l'éducateur sportif n'intervient pas dans la réadaptation. Il est nécessaire de se battre pour que notre métier soit valorisé et nos compétences reconnues, ce qui n’est pas toujours évident.
Qu'est-ce qui vous a motivé à vous engager en tant que bénévole pour les Jeux Olympiques de 2024 ?
Je suis passionné de sport depuis longtemps, je m'intéresse à toutes les disciplines. Les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP), c'est le plus grand événement sportif au monde. Quand j'ai su que les JOP se tiendraient à Paris, j'ai voulu y participer, non pas comme sportif, mais comme bénévole. Je serai au stade de France du 1 juillet au 12 août pour les sessions d'athlétisme. Mon rôle sera de porter les paniers des sportifs de la chambre d’appel à l’espace post-compétition. Je serai en contact avec les sportifs, surtout lors des finales en soirée. J'ai aussi été choisi pour la cérémonie d'ouverture, ce qui me permettra une immersion totale.
Comment parvenez-vous à intégrer vos pratiques sportives personnelles dans votre emploi du temps d'éducateur physique adapté ?
Au Centre de Soins médicaux et de réadaptation Le Parc, j’ai de la chance d’avoir des horaires flexibles qui me permettent de pratiquer des activités le soir et parfois le midi. En semaine, j'alterne entre le handball et la course à pied et je joue des matchs le week-end. J'ai arrêté l'athlétisme faute d'entraîneur mais je cours une fois par semaine, je fais du vélo, de la natation et de la marche. L'objectif est de bouger quotidiennement de manière diversifiée pour éviter la lassitude et stimuler le corps différemment et ressentir le bien-être que cela procure. Je ne vise pas la performance ou la compétition, mais plutôt à entretenir ma condition physique, développer mes capacités physiologiques et stimuler mes capacités cognitives par la pratique d'activités variées, favorisant ainsi la neurogénèse. On retrouve ce même bénéfice chez les personnes ayant subi un AVC ou souffrant de la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson pour ne citer qu’elles, grâce à la plasticité cérébrale.
Comment percevez-vous l'importance de l'activité physique adaptée dans le cadre de votre travail auprès des patients et des personnes accompagnées ?
L'activité physique est essentielle pour la santé et pour beaucoup de pathologies. Elle est bénéfique pour tous et toutes, quel que soit l'âge ou l'état de santé. Elle apporte des bénéfices dans de nombreux domaines : sociaux, physiologiques, psychologiques et cognitifs. Chez les personnes malades, l’activité physique aide aussi à mieux gérer la fatigue et les effets secondaires des traitements. Le corps a besoin de bouger, mais nous l'avons un peu oublié, notamment avec l'arrivée des écrans.
Souhaitez-vous diffuser un message spécifique à nos lecteurs ?
L'activité physique est accessible à tous. Si on ne se sent pas capable, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner, soit par un médecin qui va orienter vers un professionnel compétent, soit par des professionnels de l'activité physique adaptée. Les coachs santé, les associations ou les clubs de sport sont aussi de bonnes options, tout comme les salles de sport si on est autonome dans ses pratiques. Investir dans notre santé est essentiel. Parfois, les bénéfices seuls ne suffisent pas à s'engager dans une activité physique régulière. Je vous conseille de consulter des professionnels compétents pour surmonter d'éventuels biais cognitifs limitants. Ils pourront vous accompagner dans une pratique adaptée à votre santé.
Comment voyez-vous l'avenir de l'inclusion sportive pour les personnes en situation de handicap, basé sur votre expérience et votre engagement ?
De plus en plus d'associations et de clubs se créent, et de nombreux professionnels sont formés pour intégrer les personnes en situation de handicap. Les enseignants en activité physique adaptée et les kinésithérapeutes peuvent intervenir à domicile. Il est important de reconnaître et valoriser leur travail. L'avenir inclura probablement des remboursements pour l'activité physique adaptée. Cependant, des lois étaient à l'étude pour expérimenter pendant deux ans le remboursement par l'Assurance Maladie des séances d'activité physique adaptée pour les malades du cancer, mais elles ont été suspendues, alors que cette activité est essentielle pour leur traitement. L'activité physique a des bienfaits cognitifs, physiques, psychologiques et sociaux. Au sein des établissements, il serait par exemple bénéfique de proposer des séances d'activité physique avec des professionnels ou de donner accès à une salle pour intégrer cette pratique dans le quotidien. Cela améliorerait la qualité de vie et les conditions de travail avec des avantages tels que meilleure forme physique, baisse du stress, épanouissement personnel, prévention des troubles musculo-squelettiques et meilleure conciliation des temps de vie.