PORTRAIT de Maxime SANCHEZ PARATENNIS

Pourriez-vous vous présenter, en quelques mots ?

Je m’appelle Maxime Sanchez, j’ai 36 ans et je travaille au service technique à la Clinique du Mas de Rochet à Montpellier à l’UGECAM Occitanie depuis 2013. J’ai d’abord commencé par un intérim de 2 ans après mon BTS et j’ai été embauché dès la troisième année.

Pouvez-vous nous expliquer votre handicap?

Je suis né sourd profond suite à un problème génétique (connexine 26) ; mes deux parents sont entendants. A l’âge de 6 ans, j’ai été opéré pour bénéficier d’un implant cochléaire pour me permettre de mieux communiquer avec eux. Je suis allé à l’école des entendants mais c’était très difficile la communication avec les copains. A 10 ans, j’ai commencé à parler en faisant des phrases de plus en plus construites.

Depuis combien de temps faites-vous du sport régulièrement ?

J’ai commencé à jouer au tennis dès l’âge de 5 ans. Mon père qui est lui aussi un grand sportif m’a fait découvrir le sport. Il faisait du foot, du squash et du vélo. J’avais d’abord commencé par le foot en étant gardien de but mais je m’ennuyais beaucoup trop. J’avais besoin de courir et de me dépenser autrement. C’est en regardant Roland-Garros que j’ai découvert le tennis et la passion est née.

Et depuis combien de temps pratiquez-vous le tennis sourds et malentendants ?

J’ai d’abord joué au club de mon village, à Teyran, au nord de Montpellier. Au début, je tapais la balle contre le mur, seul. C’est ma mère qui a insisté pour m’inscrire à l’école de tennis. Elle avait expliqué mon handicap au moniteur. Le moniteur avait des doutes mais dès que je suis entré sur le terrain, j’ai tout de suite aimé jouer. Et comme elle insistait auprès du moniteur, j’y suis resté. Je me suis fait des amis, qui m’ont aidé à m’intégrer encore plus dans le club.

Comment avez-vous découvert le tennis sourds et malentendant ?

J’ai découvert le tennis pour sourds et malendants grâce à un copain, que je remercie, Mikael Laurent,un grand joueur de légende, 1er mondial pendant 10 ans, qui m’a trouvé une place pour intégrer le club Handisport. C’est grâce à lui que j’ai pu intégrer l’équipe de France de tennis.

Pouvez-vous nous expliquer les spécificités du tennis sourds et malentendants ?

En individuel ou en double, le tennis est ouvert à la plupart des personnes atteintes d’une déficience physique et qui nécessitent donc une pratique obligatoire en fauteuil roulant, mais aussi aux personnes sourdes, malentendantes et malvoyantes. On est encore assez invisibles, même si cela s’est un peu développé grâce aux Deaflympics*. Nous ne sommes que 20 hommes au tennis sourds et malentendants donc ça se développe.

Comment parvenez-vous à concilier votre emploi au service technique du Groupe UGECAM avec vos entraînements en vue des compétitions ?

J’ai la chance dans le travail de finir à 16h-17h. Je peux profiter de l'entraînement le soir. Je m'entraîne environ 4 fois par semaine.

Quels sont vos projets futurs en lien avec le tennis ?

J’ai pris ma retraite de tennis de haut niveau. J'ai construit une vie de famille avec ma compagne et notre petite fille. Être un athlète de haut niveau demande beaucoup d’implication et de temps. C’est compliqué de gérer la vie de famille et mes engagements sportifs, car il ne faut pas oublier que je prends 44 jours de mes congés payés par an pour participer à des compétitions internationales. J’ai arrêté la compétition mais je continue en loisirs. Je pratique aussi le padel, qui est un mélange de tennis et de squash.

Que représente le sport pour vous ?

Dans ma vie, il y a toujours eu beaucoup de stress. Grâce au tennis et au sport en général, j’ai pu apprendre à avoir plus confiance en moi et à mieux gérer le stress. Le sport m’apporte énormément. Entre le travail et la famille à gérer, le sport me détend. Le sport a toujours fait partie intégrante de ma vie, c’est comme une hygiène de vie maintenant.

Vous avez un dernier mot à nous partager…

Je souhaite avant tout remercier Xavier Lerays, capitaine des équipes de France de tennis pour sourds et malentendants pour nous avoir permis de réaliser cette belle performance. Patrick Labazuy responsable national du paratennis et Jean-Philippe Fleurian, responsable adjoint ont aussi été très importants pour moi. J’ai appris énormément à leurs côtés. Grâce à eux, le paratennis a pu gagner en visibilité auprès du grand public et on a donc pu gagner aussi en moyens.

Je suis très heureux de travailler à la Clinique de la Mas de Rochet. J’ai de supers collègues et je suis fier de faire partie de cette équipe. Cela fait 10 ans que je travaille ici, j’y suis très heureux. Ici, on a compris l’importance du collectif, l’importance de ne pas mettre de pression et surtout de partager avec tout le monde. C’est ce que je souhaite à tous, en cette nouvelle année.

*Les Deaflympics sont des Jeux olympiques dédiés aux athlètes sourds ou malentendants, organisés par le Comité international des sports des sourds (CISS). Ces jeux rassemblent plus de 3 000 athlètes dans 20 disciplines. Ils ont lieu tous les quatre ans et offrent une plateforme aux athlètes pour démontrer leur excellence sportive et promouvoir l'inclusion des personnes malentendantes dans le monde du sport.