L'Ugecam et le CHU de Dijon expérimentent un programme d'habituation aux soins

Date de publication :

L'Habituation aux soins, un projet expérimental innovant.

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 Article publiĂ©  le 29/03/23 par  Emmanuelle DELEPLACE, journaliste Ă  Hospimedia :

"À Dijon, l'Ugecam et le CHU ont monté un programme d'habituation aux soins pour de jeunes autistes. Après l'expérimentation, ils aimeraient le développer pour d'autres structures médico-sociales, d'autres publics et d'autres territoires.
Depuis 2021, l'Union pour la gestion des établissements des caisses de l'assurance maladie (Ugecam) Bourgogne-Franche-Comté développe un programme d'habituation aux soins à destination de jeunes autistes et depuis peu de jeunes ayant des troubles du comportement suivis dans le cadre du dispositif institut thérapeutique éducatif et pédagogique (Itep, lire notre fiche pratique). Il s'agit de programmes individualisés travaillés selon les problématiques de chaque enfant ou jeune adulte entre les équipes médico-sociales et l'équipe de pédiatrie de la Dr Ninon Ternoy au CHU de Dijon (Côte-d'Or). Le programme baptisé Sim'soins utilise les locaux du centre de simulation en santé du CHU. L'Ugecam aimerait bien le developper au sein de son réseau national et en partenariat avec d'autres opérateurs.

À l'intérieur du centre de simulation en santé

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L'idée est assez simple : utiliser le centre de simulation en santé destiné à entraîner les soignants "à blanc" dans le cadre de la formation initiale et continue pour réaliser des consultations à blanc pour les patients cette fois. À Dijon, les créneaux des mercredis après-midi sont désormais réservés au programme Sim'soins. Le premier enfant engagé dans la démarche n'en est pas encore sorti mais sa mère Héloïse Didier voit toutefois une très belle évolution : "Avant toute consultation était très compliquée. Nous étions souvent obligés de nous passer de certains examens." Depuis un an et demi, son fils a pu réaliser les vaccins dont il avait besoin. Il travaille aujourd'hui la préparation aux examens dentaires. Un autre jeune autiste a, lui, déjà quitté le programme. Il avait un réflexe nauséeux au contact de l'abaisse-langue et en onze séances son problème a été réglé.

Ce projet expérimental calibré pour une file active de cinq jeunes est financé depuis deux ans grâce à des crédits du fonds d'intervention régional de l'ARS Bourgogne-Franche-Comté. Il fait travailler côté Ugecam des éducateurs et psychologues, toujours les mêmes, qui vont chercher les jeunes et les accompagnent à chaque séance et côté CHU Ninon Ternoy et ses internes. "Nous croyons en l'intérêt de ce programme mais il est très coûteux en personnel, cela mobilise un professionnel par jeune plus un professionnel qui cote les évolutions", explique à Hospimedia Johan Helfer, chargé de mission accès aux soins du groupe Ugecam. Nous avons démarré avec les jeunes du service d'éducation spécialisée et de soins à domicile (Sessad) autisme, puis de l'accueil de jour. L'an dernier nous avons proposé ce service au Sessad autisme de l'association Acodège et cette année nous tentons d'intégrer des jeunes de l'Itep."

"Ce programme s'adresse à des jeunes très en difficulté avec le système de santé. Le vécu a été tellement douloureux pour les familles qu'elles n'ont pas envie de s'investir dès le début mais au fur et à mesure des séances nous habituons les parents à s'impliquer dans les démarches, l'objectif final étant de leur donner les clés", précise Christine Rageot, directrice du projet national d'accès aux soins des personnes vivant avec un handicap de l'Ugecam. Ces clés prennent la forme d'un kit reprenant les outils utilisés en séances : un schéma de déroulement d'une séance avec pictogramme, un passeport santé rempli au début du projet, un état des lieux de tout ce que l'enfant sait faire, un jeu, un livre préféré pour rassurer pendant les temps d'attente...

Dépasser l'expérimentation

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"Nous sommes encore en phase d'expérimentation. L'habituation aux soins n'est pas une baguette magique. L'idée c'est aussi de pouvoir définir plus précisément les profils avec lesquels la méthode est efficiente. Si elle a bien fonctionné avec les jeunes autistes qui s'y sont inscrits, nous sommes pour l'instant plus en difficulté avec certains jeunes d'Itep pour qui le rapport au corps peut être plus compliqué", ajoute Christine Rageot. Cette année Sim'soins a l'ambition de doubler de volume en passant sa file active à dix et en recrutant un infirmier dédié.

Parallèlement l'Ugecam travaille avec le centre ressource autisme de Bourgogne et la faculté de médecine à une formation pour les professionnels de santé. Sim'soins et la formation s'inscrivent dans une perspective de généralisation. "Il existe des centres de simulation en santé dans tous les CHU et des besoins de formation des soignants aux handicaps partout, conclut Christine Rageot. Au delà des profils, il faut aussi réfléchir au financement pour pérenniser ces dispositifs et les généraliser."
 

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