Les partenaires du SMR (ex-SSR) Pédiatrique La Maisonnée

Mise en lumière de l’action d’un partenaire de l’Ugecam Rhône-Alpes : l’Association Docteur Clown qui intervient deux fois par mois au SMR Pédiatrique de la Maisonnée depuis de nombreuses années.

Qui de mieux que Pierre, à l’aube de son départ en retraite, pour nous parler de son métier de passion, celui de clown, et du rôle de l’Association Docteur Clown auprès des enfants hospitalisés dans nos services…

Qui est Pierre, ou plutôt Ferdinand, votre nom de clown ? En quoi consiste votre métier d’artiste-clown en milieu hospitalier ?

Avant d’être clown, j’ai été comptable dans une société pendant 15 ans mais cela ne flattait pas vraiment mon imaginaire ! Depuis mon enfance, je suis passionné par le cirque, le jeu et le théâtre : je me suis alors formé au métier de clown et du spectacle. J’ai commencé par faire du spectacle de rue, puis j’ai participé en 1999 et en 2000 à deux missions de « Clown sans frontières ». Cette carrière de clown que j’envisageais prenait alors un sens différent, au service des plus vulnérables. En 2002, trois de mes amis de l’Association Docteur Clown m’ont proposé d’intégrer l’équipe, et cela fait 20 ans que j’interviens au sein de cette Association et depuis 2014 au SMR Pédiatrique de la Maisonnée. Durant toute ma carrière, je n’ai cessé de me former au sein de l’Association Docteur Clown mais aussi en dehors, notamment à la spécificité du métier en milieu hospitalier.

Dans les différents services où j’ai travaillé, on m’a donné une vraie place et cela m’a permis de comprendre davantage tout l’intérêt du rôle du clown à l’hôpital et dans la prise en charge des enfants. Le clown est le premier relais avec l’extérieur pour les enfants hospitalisés, souvent isolés et coupés du monde extérieur, scolaire, social. On est un peu les témoins de cette vie qui continue dehors.

Quel est le rôle de l’Association Docteur Clown ?

L’Association Docteur Clown a été créée par Mireille, infirmière, en 1995. Aujourd’hui c’est Nadia qui préside l’Association, constituée d’une équipe d’une quinzaine de clowns. Les clowns de l’Association interviennent toujours en duo : en chambre, en salle de consultation, en salle d’attente, dans des centres de rééducation spécialisés, dans des établissements de santé de toute la région. Nous intervenons essentiellement dans des services pédiatriques, de la néonatalogie à la majorité, et dans des services très spécialisés tels qu’auprès d’enfants autistes ou auprès d’enfants polyhandicapés comme à la Maisonnée.

Le rôle du clown ne consiste pas simplement à proposer une animation de jonglerie. A travers le jeu, le clown est aussi là pour (r)établir une relation humaine et une écoute attentive avec l’enfant, parfois en choc émotionnel, et ce afin de dédramatriser son quotidien, lui apporter un peu de couleur, de fantaisie, de dérision. Nous nous mettons au niveau de l’enfant dans la communication et le langage, ce qui nous permet de créer une relation particulière avec lui : l’enfant va ainsi souvent se confier au clown et lui avouer des choses qu’il n’a confiées à personne. Nous avons donc aussi un rôle dans la prise en charge de l’enfant et dans la transmission de certaines informations importantes aux soignants ou psychologues qui le suivent.

Le rôle du clown en milieu hospitalier va même au-delà du patient : nous jouons pour les enfants mais aussi pour leurs parents, leurs familles et pour les soignants qui vivent tous une grosse pression. A travers notre jeu, nous intégrons aussi les soignants dans la relation avec l’enfant afin de souligner toute leur humanité en dehors des gestes techniques qu’ils peuvent réaliser. Les professionnels et familles aiment écouter et participer avec les enfants aux animations, pour se ressourcer quelques minutes.

Pourquoi la Maisonnée est-elle si particulière pour vous ?

L’Association Docteur Clown a commencé à intervenir à la Maisonnée en 2014 : à cette époque, nous intervenions beaucoup au sein de services généralistes et peu de services spécialisés. Nous avons donc réfléchi à un projet artistique spécifique pour la Maisonnée et j’ai été choisi pour mener ce projet avec deux autres de mes coéquipiers clowns, Mercredi et Adélaïde. Aujourd’hui nous intervenons à la Maisonnée, soit en salle d’animation soit en chambre, en équipe réduite de 4 clowns.

C’est un travail particulier que nous effectuons à la Maisonnée car nous intervenons auprès d’un public spécifique, auprès d’enfants polyhandicapés qui ont des séjours longs, parfois de plusieurs années. Cela nous permet de bien se connaître et de tisser des relations d’amitié particulières avec les enfants, sur le long terme et dans leur lieu de vie : s’instaurent alors une confiance et une communication privilégiées entre eux et nous.

Cela nous oblige aussi à faire davantage preuve de facultés d’adaptation par rapport aux enfants, chacun avec des niveaux de perception différents. Également à effectuer un travail de création et de recherche permanent pour inventer et proposer de nouveaux jeux ou improvisations, à chaque fois deux fois par mois. C’est le seul endroit dans lequel j’interviens où nous devons faire ce travail-là, et c’est très stimulant. De facto nous avons donc, avec les éducateurs et soignants de la Maisonnée, un partenariat plus étroit qu’ailleurs afin d’imaginer des jeux nouveaux, individuels ou collectifs, et les plus adaptés possibles aux enfants polyhandicapés (pêche en intérieur, bowling collectif, marionnettes, musique, etc).

Nous essayons toujours de rechercher l’implication et la participation des enfants dans chaque jeu, malgré leurs limitations éventuelles : nous accompagnons les jeunes pour leur montrer qu’ils peuvent être acteurs, quel que soit le jeu proposé. Notamment, nous utilisons beaucoup la musique dans notre travail afin de créer un climat joyeux, qui se répande dans tout le service, auprès de l’ensemble des jeunes patients mais aussi des soignants et familles.

Des moments marquants durant votre carrière ?

J’en ai beaucoup, c’est difficile de n’en donner qu’un. Ce que je retiens, c’est davantage cette sensation de pouvoir aller au-delà des limites alors qu’on ne s’y attendait pas. Le clown créé des espaces de liberté, où tout est possible et qui laissent une place à l’enfant pour qu’il s’exprime. Notamment à la Maisonnée, au fil des années, nous avons créé une relation privilégiée avec les jeunes et leurs familles : il y a eu des moments de tristesse mais aussi de grande joie où l’on arrive à repousser les frontières et les limites. A travers les personnages hors normes que nous incarnons, nous proposons des jeux inédits, qui donnent lieu à un espace hors du temps où peuvent se passer des moments magiques : on arrive à stimuler l’enfant, qui peut réaliser des choses que l’on ne pensait pas possibles. Ces moments privilégiés avec l’enfant, ainsi que les moments de partage avec ses parents ou sa fratrie, par exemple lors de la Fête de l’été de la Maisonnée, sont importants pour nous.

Quid après l’Association Docteur Clown ?

Ce métier de clown est un métier de passion, qui permet de rencontrer des publics extrêmement différents, et j’aurais du mal à me passer de ces rencontres et de cet accueil du public qui nous donne une reconnaissance immédiate. Ces reconnaissances deviennent motivantes pour aller plus loin dans notre métier et même dans notre vie. Je trouve que mon métier de clown est d’autant plus valorisant et intéressant à mon âge, avec mon expérience de vie que je peux partager au public. Je vais donc continuer le métier de clown avec ma propre compagnie, en créant des spectacles universel qui puissent rencontrer tous les publics : enfants, adultes, en situation de handicap ou non.

Pour toute information ou renseignement complémentaire, vous pouvez consulter le site de l’Association Docteur Clown : www.docteurclown.org, ou la contacter par mail : contact@docteurclown.org.